« On peut survivre à Ebola » : l’histoire de Marie Jeanne, infirmière-accoucheuse en RDC

« On peut survivre à Ebola » : l’histoire de Marie Jeanne, infirmière-accoucheuse en RDC

Kinshasa, Bulape – Dans la zone de santé de Bulape, province du Kasaï (RDC), le centre de traitement Ebola soutenu par l’OMS, Medécins sans frontières/Belgique, Programme alimentaire mondial (PAM), l’UNICEF, ALIMA et les autres partenaires, en appui aux efforts des autorités nationales, est en première ligne dans la riposte. C’est ici, que Marie Jeanne Kadima, 56 ans, infirmière-accoucheuse et mère de famille, a été prise en charge et a survécu à ce virus mortel. Elle est l’un des deux premiers patients guéris du virus Ebola et qui ont pu quitter l'hôpital le 16 septembre 2025.

Au 28 septembre 2025, un total de 64 cas (53 confirmés et 11 probables), dont 42 décès (31 confirmés et 11 probables), ont été enregistrés dans la zone de santé de Bulape, province du Kasaï. Le centre de traitement de Bulape, dont la capacité a été portée à 49 lits, prend actuellement en charge 13 patients hospitalisés. Les équipes médicales déploient leurs efforts pour leur assurer des soins de qualité. 

Des premiers symptômes au diagnostic

Marie Jeanne vit dans un quartier périphérique et travaille à l’hôpital de référence de Bulape, qui abrite le centre de traitement Ebola. Quand les premiers symptômes sont apparus, elle a pensé à une grippe. Mais rapidement, la fièvre est montée, elle a commencé à vomir et avait des douleurs atroces.

« Lorsque j’ai commencé à me sentir mal, en tant que personnel de première ligne, j’ai choisi de ne pas me cacher. Nous devons prêcher par le bon exemple. Je me suis rendue au centre de traitement », relate-t-elle.

Afin de soutenir le processus de diagnostic, l’OMS et ses partenaires veillent à la disponibilité continue des fournitures de laboratoire et à la poursuite des analyses dans le laboratoire mobile installé dans la zone de santé de Bulape.  Deux appareils GeneXpert et un Biofire ont déjà été déployés sur place. Grâce à ces dispositifs, le délai de traitement des échantillons au niveau de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) s’est considérablement amélioré, les résultats étant désormais disponibles entre 4 et 6 heures, contre 4 à 5 jours auparavant lorsque les échantillons étaient envoyés à Kinshasa.

Quelques heures plus tard, le résultat des analyses au laboratoire était connu : le patient était donc positif au virus Ebola, souche Zaïre. La formation reçue et l’appui des experts de l’OMS présents sur le terrain ont été capitaux, ce qui a permis au personnel médical de mettre immédiatement en œuvre le protocole rigoureux de tri, d’isolement et de traitement.

De son isolement, aux soins et à sa survie

Pendant son traitement, Marie Jeanne a pu bénéficier des soins de qualité pour recouvrer rapidement la santé. L’OMS, dans un premier temps, a mis à la disposition des autorités sanitaires 14 tonnes de matériel médical essentiel pour soutenir la réponse, les traitements à base d’anticorps monoclonaux (Mab114) ont également été rendus disponibles dans le centre de traitement de Bulape pour la prise en charge clinique, en plus de 47 000 doses de vaccins déjà livrés avec l’appui de Gavi, l’alliance du vaccin et de l’UNICEF. D’autres intrants vitaux provenant de Médecins sans frontières/Belgique, du Programme alimentaire mondial (PAM), d’ALIMA et des autres partenaires ont également été acheminés. 

La dernière cargaison livrée par l’OMS comprenait notamment 2,5 tonnes supplémentaires de matériel, dont des équipements de protection individuelle (EPI) pour les intervenants de première ligne, des médicaments, du matériel de prévention des infections, des kits de laboratoire, des tentes et des ressources pour équiper un centre de traitement capable de prendre en charge plus de 120 patients.

Grâce à un accompagnement médical complet, Marie Jeanne a pu bénéficier de soins de soutien intensifs, lui assurant une prise en charge optimale et adaptée à ses besoins, incluant une réhydratation, des antibiotiques pour prévenir les infections secondaires, et un traitement à base d’anticorps monoclonaux : une protéine qui agit comme un « soldat » du système immunitaire pour limiter la propagation du virus dans l’organisme. 

« La prise en charge des patients atteints d’Ebola est toujours un moment critique, car chaque cas représente une urgence vitale », explique le Dr Serge Bula, médecin directeur de l’hôpital général de référence de Bulape. « Mais, les formations et l’appui reçus des partenaires ont véritablement changé la donne. Aujourd’hui, nous sommes plus confiants face à la maladie, et cela redonne de l’espoir à nos équipes comme à nos patients. »

Une victoire collective

Au bout de 15 jours de traitement rigoureux, Marie Jeanne a pu quitter le centre, guérie. Elle a été accueillie par des chants et des applaudissements du personnel soignant, des partenaires et de sa communauté.

« On peut survivre à Ebola si on est pris en charge à temps et j’en suis la preuve », déclare-t-elle les yeux brillants d’émotion. « Ce que j’ai vécu m’a profondément marquée. La peur est normale, mais il ne faut pas rester seul. Il y a des soins et les équipes qui sont là. Je suis heureuse de servir d'exemple aux autres en montrant qu'il est possible de guérir d’Ebola. »

Pour le Dr Mory Keita, Gestionnaire de l’incident de l’OMS pour la réponse Ebola, « la lutte contre Ebola repose sur une réponse rapide, coordonnée et fondée sur des soins de qualité. Chaque vie sauvée démontre que, grâce aux efforts conjoints des autorités locales, des partenaires internationaux et des personnels de santé, il est possible de vaincre cette maladie ». 

L’OMS est présente sur le terrain à Bulape et travaille en étroite collaboration avec les autorités sanitaires nationales et locales pour mettre en œuvre une réponse rapide et globale afin de protéger les communautés et mettre fin à l'épidémie. À ce jour, neuf guéris ont déjà été enregistrés. 

Soutenant la prévention et le contrôle des infections (PCI), l’OMS a appuyé des opérations de décontamination menées dans les foyers des cas confirmés et dans les structures de santé. 130 agents de santé ont été formés à Bulape et à Mweka sur les précautions standards et complémentaires, ainsi que sur les pratiques de soins sécurisées. Les activités de décontamination, elles, ont été réalisées dans sept structures de santé prioritaires et 23 ménages affectés, contribuant ainsi à rompre les chaînes de transmission.

De plus, 8500 personnes ont été vaccinées au 30 septembre 2025. Ces chiffres incluent les agents de santé en première ligne. Des efforts de communication pour l’engagement communautaire ont permis de sensibiliser plus de 500 personnes, notamment lors de cérémonies de deuil, de visites de proximité et de forums publics. Par ailleurs, des leaders locaux ont été mobilisés pour appuyer la vaccination, combattre les rumeurs et renforcer la confiance envers les équipes de santé. 

Toutes ces mesures ont permis d’une part de limiter la propagation du virus et de protéger les personnels de santé, mais aussi de contribuer à améliorer l’adhésion aux mesures de prévention tout en encourageant les familles à se présenter rapidement en cas de symptômes.

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